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Silasari la Bleue, il y a 300 ans

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Message  Orith Mar 10 Jan - 12:39

Silasari la Bleue

300 ans plus tôt...

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Musique d'ambiance :

On se précipitait dans les rues blanches et bleues de la Santorin elfique. Des gamins, tous, avec quelques adolescents un peu plus grands, un peu moins têtus. Les adultes, eux, les regardaient passer avec la circonspection du vieil âge, sans comprendre tout à fait ce qui pouvait animer ces petites choses. Pourtant, c'était évident ; évident pour Ayduin, et évident pour Saël. On venait de trouver un trésor, près du lagon. Avec plein d'artefacts à l'intérieur, sans doute. Et une couronne de l'Ancien Continent. Et quand on finit par arriver sur la plage, ils furent aussi déçus que quand ils reçurent leur premier baiser. Il n'y avait rien de beau, rien de chatoyant. Juste un énorme rocher de cent tonnes qui bloquait l'entrée de la caverne.

« Il doit peser dix tonnes cinq, plutôt. », fit remarquer Saël, passant une main songeuse sur ses dents de devant.

« Je me doute, oui. », lui fit Ayduin. « C'était une façon de parler. Et comment est-ce qu'on le dégage ? ».

« Je n'en sais rien. Y paraît que ce sont les anciens qui l'ont mis ici. Pour nous protéger. Parce qu'avant, ce rocher, il était pas là, et les gens se noyaient à tenter de récupérer ce qu'y avait dans la grotte. Qu'est-ce que t'en penses, Alenia ? ».

La concernée, comme à son habitude, regardait l'horizon, placidement. Il n'y avait rien que la mer pour ébaubir ses grands yeux bleus, et le rocher, vous prie-je, elle s'en fichait bien. Tout comme ce qu'il pouvait y avoir à l'intérieur. Elle avait le même âge qu'eux, mais à sa façon de se tenir, de causer, on aurait dit qu'elle en avait dix de plus. On la vit hausser les épaules, et glisser une langue songeuse sur le bout de ses dents.

« Vous devriez le laisser ici. De toute manière, ce n'est pas comme si vous pouviez le déplacer. ».

« Ecoute-la, l'autre ! Eh, Alenia, je te parie une gemme d'eau que je te le déplace, le rocher, rien qu'avec ma télékinésie. ».

« Tu n'as qu'à essayer. ».

Elle l'avait dit avec une relâche de paresseux. Tu n'as qu'à essayer... Eh bien vas-y, si ça te fait plaisir, mon gros, qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Décidément, elle n'était pas bien marrante. Ayduin s'approcha du bord de l'eau. Le rocher devait être à quinze mètres. Et Saël avait dit qu'il pesait dix tonnes. Dix tonnes, c'était beaucoup ; à son âge, les enfants ne pouvaient au mieux que charrier dix kilos, - et c'était déjà pas mal.

« En fait, l'astuce, », fit-il, « c'est de concentrer son mana à un point précis. Et une fois que c'est fait, il faut le déployer, petit à petit. ».

« Quoi ? », lâcha Saël, circonspect, comme si on venait de lui annoncer que le monde était plat. « Je n'ai jamais entendu ça nulle part. ».

« Evidemment, grande banane. Pourquoi qu'y nous l'enseignerait, les professeurs, mh ? Y veulent pas qu'on devienne trop fort, c'est tout. Pas vrai, Alenia ? ».

Mais Alenia ne dit rien. Elle préférait regarder le banc de dauphins, au-loin, et le soleil qui cuisait la mer comme un grand miroir.  Ayduin l'avait toujours enviée, parce que malgré ses airs de granivore passif, la jeune fille avait toujours été plus douée que chacun d'eux. Le vieux Lamruil avait même dit qu'un jour, elle révolutionnerait la sorcellerie. Mais il la détestait aussi, un peu. Avec tout ce talent qu'elle avait en main, elle passait ses journées à regarder l'océan, comme si quelque chose l'y appelait.

« T'es sûre que tu ne veux pas nous aider ? Dix tonnes, tu pourrais le faire, non ? ».

« Aucun enfant ne peut déplacer dix tonnes, Ayduin. ». Elle l'avait dit d'une voix lente et passive, mais un peu rieuse, à la manière d'une grande sœur qui vous claquerait un taquet sur le dos de la nuque. « Dix tonnes, c'est dix fois ce que mange Saël chaque repas, tu imagines ? ». Ayduin éclata de rire, et Saël aussi. Il était ectomorphe, de toute manière : ce saligaud pouvait bien bouffer le kraken tout entier, que pas un pet de gras ne lui apparaîtrait sur les hanches.

« Faites place, Sarya arrive ! » « Quoi ? » « Mais oui, pousse-toi, roh ! ». D'autres enfants envahirent la plage. On prit soin de reculer, pour ne pas leur barrer la route. Quand Sarya Wynkian et Renna Neridi marchaient, il fallait baisser les yeux, parce que l'une avait seize ans et demi, et l'autre, quinze. Parce qu'elles appartenaient, toutes deux, à la noblesse, et qu'elles étaient les meilleures de leur catégorie. Parce que aussi, Sarya, des fois, s'amusait à glisser des oursins dans votre culotte, si vous étiez insolent avec elle.

« Regarde ça, Renna, un banc de poissons globes échoué sur la plage. C'est terrible ; il faudrait leur venir en aide, et les jeter à la mer, qu'est-ce que tu en penses ? ».

« Je pense que tu as toujours eu les meilleures idées au monde, Sarya. », fit son amie, dans une méchanceté complice.

« Qu'est-ce que vous attendez, vous autres ? Ils risquent de se vider de leur air. Vite, vite, jetez-les à l'eau ! ».

« Eh, arrêtez, on n'est pas de la poiscaille ! ».

Mais Ayduin et Saël ne pouvaient rien, ils étaient trop nombreux, comme d'habitude. Et comme d'habitude, ces léchi lécheurs obéissaient à Sarya comme on obéissait à sa mère. C'est que, pour son âge, elle était si belle, si douée, si grande, si... tout, en fait, qu'il paraissait invraisemblable de lui désobéir. Mais quand un des jeunes ados saisit Ayduin pour le jeter à l'eau, il se métamorphosa, brusquement, en caneton. Il y eut un moment de silence, pendant lequel on se regarda dans le blanc, avant de réagir. Alenia, elle, avait le bras tendu en direction de l'impotent. « C'est elle qui a fait ça ! Il faut la jeter à l'eau, elle aussi ! ». Mais personne ne bougea, sauf le petit caneton, qui couinait, basculant de gauche à droite sur ses pattes palmées. Personne n'avait envie de finir comme ça.

Sarya, elle, eut un sourire mauvais, qui dénuda la pointe de ses dents.

« Tu en as, du cran, toi. Tu n'as pas peur ? ».

« Peur de quoi ? », lui rendit-elle, amorphe, aussi paisible que l'eau de la mer.

« Peur de moi. ».

« Non. ».

Cette petite conne s'était permise de lui donner la réplique. On voyait l'elfe enfoncer ses ongles dans le creux de sa paume, rageusement. Elle avait beau être de quatre ans son aînée, et avoir toute une horde de gamins à sa botte, elle continuait de lui tenir tête. Pour les autres, c'était clair : Alenia allait finir en sardine grillée. Mais rien ne se produisit. Sarya finit par lâcher l'affaire, et pour Renna, comme pour les autres, c'était évident : jamais une Wynkian ne dépenserait une goutte de mana pour une avorton de ce genre.

« Remets Orist dans sa forme normale. », ordonna Renna, sèchement. L'espace d'un instant, la jeune elfe sembla hésiter, avant de rompre sa métamorphose, et le gosse réapparut de nouveau, incongru.

« Qu'est-ce que vous fichiez ici, d'ailleurs ? A votre âge, vous devriez être en train de réviser. ».

« Ayduin a trouvé un trésor. » fit Saël. « Juste derrière ce rocher. Il paraît qu'il y a une caverne remplie de joyaux. ».

L'attention de Sarya se braqua immédiatement en direction de l'obstacle. Le rocher en question était gigantesque, dix mètres et quelques de haut, pour dix mètres de large. Mais c'était, autant le dire, minuscule, en comparaison de l'éclat que la noble voulait renvoyer au monde. Le trésor ? elle n'y croyait pas. Pourquoi y en aurait-il un, de trésor, d'abord ? C'était la première fois que des elfes foulaient ces terres, et ceux qui vivaient plus loin, sur le continent, n'étaient que des primates exemptés de magie.

« Tu crois que tu peux déplacer l'rocher, Sarya ? », fit un garçon, dans la troupe. « Evidemment qu'elle le peut, crétin ! », cingla Renna. « Si elle le veut, elle le réduit même en mille morceaux, pas vrai ? ». Mais la concernée garda le silence, se mordant la lèvre, songeusement. Elle finit par approcher, jusqu'à enfouir ses pieds dans l'eau, et tendit ses mains vers la rocaille. De près, il paraissait plus énorme encore, et elle se demanda comment on pouvait être assez stupide pour penser que quelqu'un l'avait déposé ici. Seul un Archimage en aurait été capable, et elle, n'avait que seize ans. Il y eut un moment de silence, avant qu'un tremblement ne se mette à secouer la plage toute entière. Le récif sous lequel le rocher avait été placé grelotta, et des éclats de marne tombèrent dans l'eau. « Il se déplace, là, nan ? », « C'est juste ton imagination, crétin. ». « Taisez-vous, laissez-la se concentrer ! ». Pour la première fois, Alenia jeta un regard intéressé à l'événement. Il y avait beaucoup de bruit, oui, et beaucoup de tremblement. N'importe qui aurait décampé en pensant qu'un raz-de-marée pointerait le bout de son nez. Pourtant... le rocher ne bougea pas d'un seul centimètre. Parce qu'il pesait dix fichues tonnes, et qu'à ce poids-là, encore y aller à la boule de feu. Sarya, pourtant, était à plein régime : des veines apparaissaient sur son joli front, le long de ses bras et de sa poitrine. Elle saigna même du nez, sans que personne ne le remarque, toutefois, médusé par le spectacle.

Puis, après un instant, plus rien.

« Elle a... échoué ? », fit un môme, et, juste après, Renna lui asséna une gifle monumentale, à l'arrière du crâne. « Crétin, elle n'a pas échouée. C'est simplement que... ». « Vous n'êtes pas dignes de ce qu'il y a derrière ce rocher, voilà tout. », finit par haleter la concernée. Même ainsi, en sueur et après avoir trébuché devant tout le monde, sa dignité était intacte. Comme si, effectivement, elle n'avait pas échoué. Parce que Sarya Wynkian était démiurge : elle créait la réalité, et si elle vous taxait de tête d'éléphant, vous auriez tout aussi bien pu palper votre visage pour vérifier qu'il n'y eût pas de trompe. La noble jeta un regard à Alenia. Cette dernière avait réapproprié son attention pour le banc de dauphins, au-loin. « Tu te crois capable de le faire, toi ? ». La jeune fille hocha, négativement. « Non, Sarya. Il n'y a que toi qui a ce pouvoir. ». Une joie sans fin sembla parcourir le visage de sa vis-à-vis, avant qu'elle n'acquiesce. « Effectivement. Bon... Rentrons, j'ai besoin de boire quelque chose. ». « Bonne idée. Ca sent la sardine, par ici... ».

Et le groupe disparut, avec le même branlebas qu'ils étaient apparus, ne laissant derrière eux que des traces de pied creusées dans le sable. Il ne restait plus qu'Alenia, et ses deux compères. « Pourquoi tu lui as dit ça ? », demanda Saël. « Elle a très clairement échoué ! ». « Pourquoi toi, tu ne le lui as pas dit ? ». « Elle me fait bien trop peur ! ». « Tu es la seule personne à blâmer, dans ce cas. ». Les minutes passèrent. On jeta des cailloux, au-loin. Les garçons firent quelques brasses, avant de saluer leur amie, et de rentrer chez eux.

Quelques instants après, un vieillard aux oreilles recourbées s'approcha d'Alenia, les mains caves comme du papyrus.

« Tu étais là depuis le début, Lamruil ? ».

« En effet. ».

Silence.

La gamine reprit, enjouée.

« Tu as vu ? à cette saison de l'année, les dauphins se réunissent en banc pour chasser le merlan. Il y en a même un, tout à l'heure, qui a fait un bond de deux mètres au-dessus de l'eau. Je ne pensais pas qu'ils pouvaient aller aussi haut... ». Le vieux ne dit rien, habitué, probablement, aux fulgurances de la jeune elfe. « Avec un peu de chance, un jour, je pourrai en toucher un. ». Elle continua ainsi, pendant de longues heures. Lamruil aimait à dire qu'Alenia ne venait pas de ce monde. Quand les filles de son âge ne s'intéressaient plus qu'au prestige et à l'ascension sociale, et bavaient proprement sur les pieds de Sarya Wynkian, elle, pouvait passer des journées entières à regarder l'océan. Lorsque le soleil déclina, à l'horizon, et que le ciel s'empourpra peu à peu de crépuscule, il finit par laisser entendre.

« Je l'aurais fait, à sa place. ».

« De quoi ? ».

Elle tourna la tête, brusquement.

« Le rocher. Je l'aurais déplacé, si j'étais Sarya. Quelqu'un finira par se blesser, en essayant de le faire. Voire pire. Il vaut mieux qu'il disparaisse. ».

La jeune fille garda le silence, les yeux au-loin. Les dauphins avaient disparu.

« Ne rentre pas trop tard, Alenia. ».

« Promis. ».

Elle resta seule. Le lendemain matin, Larrel Beiceran, un pêcheur, jeta sa ligne au-loin, accompagné de sa précieuse bouteille de rouge. Il ne savait pas vraiment ce qu'il attraperait, et s'en fichait un peu : il faisait ça pour le paysage. Un gosse le bouscula, et manqua de faire tomber son cru. « Eh, 'tention, un peu, merdeux ! », « Navré ! ». On se précipitait, dans les rues blanches et bleues de la Santorin elfique. Des gamins, tous, avec quelques adolescents un peu plus grands, un peu moins têtus. Il ne comprenait pas ce qui se passait, jusqu'à ce qu'il jette un regard à la plage, en contrebas, et vit une centaine de mômes agglutinés autour d'une elfe aux cheveux blancs. En face, une caverne, béante, sans le moindre rocher pour en protéger l'entrée. Personne ne l'avait vue faire, mais ça ne pouvait être qu'elle, n'est-ce pas ? Et on chanta à tue-tête son nom : « Sarya ! Sarya ! Sarya ! ».
Orith
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