Diable de beau parleur, il... C'est faux. Jasp' n'est pas l'archétype de la gueule d'ange. À part son nez qu'il s'évertue de conserver en bon état, sa frimousse est banale. Une barbe mal taillée encerclant un visage joyeux avec en son sommet une tignasse en pagaille. Il n'est finalement qu'un marin parmi tant d'autres.

Musclée par des années en mer, plus d'une décennie pour être volontairement flou, la encore il affiche une musculature classique dans l'archétype du jeune marin : affuté, bronzé et couvert de balafres racontant toute une histoire.

Sans surprise, sa volonté de préserver son visage de toute marque a considérablement laissé son corps exposé, ce qui n'a pas manqué de le recouvrir de cicatrices et autres brûlures. Dénué de tatouage, ce sont ces blessures qui habillent son corps nu.

Celle dont Bellardy s'amuse à inventer une histoire différente à chaque fois qu'on le questionne dessus est la plus effroyable d'entre toute. Une cicatrice remontant du haut de son tibia jusqu'à sa hanche, de quoi faire frémir un bureaucrate.

En résumé, le brun barbu aux yeux couleurs olives ne demeure qu'un marin a Havresac.

Un chien fou. Souvent qualifié de la sorte, le jeune homme est intenable n'ayant pas vraiment de limites ou assez de jugeote pour savoir quand s'la fermer ou s'arreter.

Un caractère bâti par des années a erré au côté de pirates et gaillard peu fréquentable, le macho Jasp' a la langue pendue et des manières de rustres. Combien de fois a-t-il récolté des insultes bien senties ou une paire de gifles par des demoiselles qu'il aura honteusement sifflée une bonne trentaine de fois en l'espace de quelques secondes.
Combien de fois a-t-il dû détaler après avoir cherché des noises à des gus bien trop costauds ou dangereux pour lui ?

Sans véritable sens de l'honneur ou de la fierté, son palmarès n'est pas franchement reluisant, comme ses qualités humaines. À de multiples reprises le jeune homme a harangué plus fort que lui avant de simplement refuser le combat pour la bonne raison que : « Tu es plus fort qu’moi. » À vrai dire, c'est son amour de la vanne et son sens de la loyauté pour ses amis qui ressortent plus encore qu'autre chose, ainsi qu’une petite passion pour les tours de magie.

Imprévisible, il agit selon ses humeurs, tantôt chevalier à l’âme pure comme bandit capable de tirer sur un vieillard pour moins d’une trentaine de cuivrée, les seules constances dans ces choix sont celles qui concernent l’aventure et la mer.

Amant de l’océan, la volonté de marcher sur les traces Jack Morton, son idole, anime son cœur comme ses décisions, se rêvant souvent du même calibre que la légende.

« ALLEZ RAT DES MERS ! Nettoyez-moi ça ! J’veux que le capitaine puisse voir son reflet sur l’plancher quand il vous f’ra l’honneur d’r’monter sur l’pont après avoir troussé vot’ mer ! »

Le contremaître crachait ces ordres comme un poulpe agacé. Il surveillait en revue la douzaine de marins à bord de l’intrépide occupée à récurer le pont couvert de sol avec des éponges plus vieilles que leurs grand-mères.

Bellardy était l’un d’entre eux. Le dos nu chatouillé par le soleil, le bougre s’efforçait d’éponger le bois de toutes ses forces, la tête baissée.

Depuis son dixième été, le garçon avait été sur un navire, écumant l’océan et goûtant à la liberté qu’il offrait. À ses yeux, aucune autre loi que celle des mers et des marins n’existaient, seule comptait la personne que vous étiez sur le navire, la terre n’étant finalement qu’un interlude entre deux voyages. Son éducation avait été faite par des hommes aux bras larges comme des cuisses, à l’insulte facile et aux torses couverts de tatouage bien souvent obscène. Pourtant, jamais le jeune mousse n’avait rêvé d’une meilleure vie. Pas une fois, accouder sur le bastingage tandis que les étoiles se reflétaient sur l’eau, il n’avait pas souhaité être ailleurs.

Durant sa jeunesse, le Gus avait aperçu l’entièreté de l’éventail maritime, passant d’un navire à l’autre comme il changeait de chemise. Marchand, pêcheur et même baleinier. Ce fut d’ailleurs sur ce dernier qu’il rencontra un jeune homme avec qui le mot fraternité prendra un sens…

Toutefois, ce fut l’activité de pirate qui eut les faveurs de la petite frappe qu’incarnait déjà Bellardy. Se rêvant Capitaine d’une frégate faisant trembler jusqu’au plus éminent commodore dès lors qu’ils apercevraient le pavillon du Vivacia ! Vivacia, c’était le nom que Jaspar s’était juré de donner à son navire, en l’honneur d’un des contes de Jack Morton, où la légende vivante nommait l’une de ses conquêtes ainsi.

Rapidement, Jasp’ trouva où s’enrôler, les équipages de pirates étaient aussi rependu que les carrières militaires à Arkheynos. Le gouverneur à cette époque était arrivé au pouvoir il y a quelques années, affichant déjà clairement son envie de simplement imposés les pirates, et non les interdire. Les encadrer.

Bellardy eut la chance de survivre à de nombreux abordages, souvent violent, jamais tendres et toujours sans pitiés. Le sabre prévalait, la survie aussi.

Ce fut ce choix de vie qui le mena jusque dans la situation dans laquelle il était actuellement coincé. Membre de l’équipage de l’Intrépide sous les ordres de Fron Verbam. Ce navire aux nombreuses voiles avait une réputation de requin autant pour ses ennemis que ses alliés. Bellardy avait naïvement pensé qu’il échapperait à cette règle. Les récentes marques de fouets sur le dos prouvaient le contraire.

L’entièreté des gros bras de Fron en plus de lui avait accosté une île à la recherche d’un trésor narré dans un carnet retrouvé dans une prison. Une histoire alambiquée, une histoire de pirate. Seul, sur le pont, la rascasse borgne, le contremaître qui faisait passer les esclavagistes pour des employeurs aimants. (modifié)

Ce salopard menait la vie dure aux marins dans tombés en disgrâce aux yeux du capitaine, soit 80% de l’équipage. 80% de l’équipage était resté sur le navire tandis que les 20% préférés étaient à terre. Beaucoup de % pour simplement dire que, dans moins de cinq minutes, la rascasse allait finir la gorge tranchée.

Hier, à la lueur d’une bougie, une mutinerie avait été décidée. Hier, à la lueur d’une bougie, des destins acceptaient d’être bousculés. Hier, à la lueur des bougies, des lames étaient échangés. (modifié)

En un éclair, les mousses passèrent de la soumission à la rébellion. Jasp’ porta le coup fatal en enfonçant un couteau rouillé dans le tonneau vivant. Quoi que, c’était peut-être la vingtaine d’autres coups de couteau qu’avait reçu la rascasse par les autres mousses qui avaient eu raison de lui.

« On se dépêche ils arrivent ! »

Comme doté de divination, From apparaissait à l’orée de la jungle avec sa petite armée, courant en direction du navire furieux ! Dans la précipitation, le navire quitta la crique non sans que Fron fusille du regard le marin à la barre.

« Je te maudis, Bellardy !
-Capitaine, Bellardy ! Et merci pour votre navire !
-Je te retrouverai ! »

Promis le capitaine dépossédé, avant que la distance empêche ses insultes de parvenir jusqu’aux oreilles de Jasp’ qui prenait la direction d’Havresac avec désormais un nouveau grade, et un navire acquis par audace.

***

Le Vivacia:

Désormais nommé le Vivacia, le navire aux voiles rouges claquantes a su se bâtir une petite réputation auprès des pirates. Loin d’être le plus gros poisson, son style atypique a eu le mérite de le faire sortir de la mélasse. Bellardy s’est entouré d’un équipage de solide gaillard, composé de tête prestigieuse à Havresac. La promesse d’aventure, d’exploration et découverte, sous poudrée d’un brin de piraterie, lui permit d’attirer l’œil de certains membres d’un sabbat, en plus d’avoir la chance d’inclure déjà des gabiers plus que doué !

Cependant, il faut nuancer ses efforts dans la tâche ardue de meneur d'hommes, car peu de temps après avoir regagné Havresac, il combinera ses efforts avec un homme ayant un peu plus d’expérience dans le rôle de capitaine, Bellardy acceptant sans orgueil ne n’interner que le second.