La silhouette d'Aekian est typique de l'image fantasmée des elfes: beau, élégant, souple, félin. Ses traits fins sont appuyés par un regard acéré et un sourire passant aisément du charme à la provocation narquoise.

Son entraînement pour devenir un œil a achevé d'affiner son corps que l'on dirait taillé dans le bois le plus dur mais aussi souple que les lianes. Capable de réaliser des missions de plusieurs semaines en solitaire, il semble insensible à l'effort, pouvant marcher, grimper, courir, des journées entières sans montrer de signe de fatigue.

Affichant une attitude générale désinvolte et nonchalante, il dégage beaucoup d'assurance -certains envieux diraient arrogance. Il privilégie les vêtements sobres et pratiques mais ne néglige pas pour autant son apparence, faussement négligée.

Sa chevelure blanche héritée de sa mère et dont il prend lui a valu d'innombrables sobriquet, allant de Crin Blanc au Vieillard ou Neige. Vaniteux, Aekian prend grand soin de ses cheveux qu'il tresse, peigne et agrémente de discrets mais élégants bijoux.

Ses yeux d'un bleu tirant sur le gris complète une allure altière, toute en élégance retenue.

Aekian est dotée d'une personnalité très indépendante. Peu disposé à suivre les ordres, il a rejoint les Pointes d'Argent pour exercer le métier des armes et se consacrer à la Voie de l'Arc et non par idéalisme ou désir de protéger la nature contrairement à nombre de ses pairs. Il s'est pleinement investi dans son entraînement et a vite surpassé la plupart des camarades de sa génération. Même s'il apprécie arpenter le Bosquet, son cœur a soif d'autres horizons depuis toujours, ce qui lui a valu beaucoup de reproches et disputes avec ses pairs et ses supérieurs.

Il a appris à dissimuler ses pensées derrière des sourires de façade habilement préparés. Difficile à sonder, il s'ouvre peu facilement. Il s'intègre généralement facilement dans un groupe mais les liens plus profonds sont difficiles à tisser pour lui.

Peu prompt à la colère, celle-ci est froide et implacable. Très rancunier, il sait attendre pour obtenir sa vengeance.

Sa vie guidée par sa volonté d'exceller sur la Voie de l'Arc, il y consacre ses journées et ses nuits, s'entraînant sans relâche, toujours avide de nouveaux défis et nouvelles cibles à abattre. Tuer ne lui pose guère de problème dès lorsqu'il considère que sa cible a accepté les risques en devenant, par ses choix et ses actes, une cible. Il a lui-même accepté l'idée de sa mort et considère que porter une arme implique l'idée de pouvoir périr par elle.

S'il garde un souvenir amère de son bannissement des pointes d'argent, il n'en nourrit pas de haine particulière. En arrivant à Olios, il a compris qu'il désirait quitter les rivages de Luhorn pour découvrir le monde et se prouver ce qu'il valait par lui-même et non avec l'aide de sa famille et ses instructeurs. Un nouveau terrain de chasse, voilà de quoi le stimuler et l'inciter à se dépasser...

Aekian avait les mains rivés au bastingage, les phalanges rendues pâles à force de serrer. Ah, il était beau le fier archer elfe, luttant contre les affres de son estomac qui ne cessait de le tourmenter depuis le début de la traversée. Lui qui se voyait débarquer à Olios, imaginant surprendre la cité de ses talents et de sa stature.... c'était lui qui s’impatientait d'enfin découvrir la cité, afin de mettre un terme à ce fichu mal de mer !

Il rendit par-dessus bord une énième quantité de bile. Un goût acide encore en bouche, il était enfin soulagé. Momentanément, il l'avait appris ces derniers jours, le mal de mer ne laissait guère que quelques instants de soulagement, alors les apprécia à leur juste valeur. Se redressant en soufflant, il inspira profondément pour remplir ses narines d'iode marine. Au moins, ce mal marin ne lui laissait guère le temps de penser aux conséquences des choix qu'il venait de faire: quitter les Pointes, sa famille, sa patrie... pour... pour quoi ? La Gloire ? L'inconnu ?

Il aurait été bien en peine de le dire désormais. Cela lui avait semblé clair quand il avait enduré la cérémonie de disgrâce. Ses galons avaient été retiré. Il avait été dépouillé de son arc et ses flèches et ses anciens compagnons d'armes avaient craché insultes et postillons à en droit. Il leur avait répondu par un sourire suffisant, comme il savait si bien le faire; cela faisait bien longtemps qu'il se fichait de leur avis. Ils étaient englués dans leur tradition. Dans leur routine. Les nouvelles affluaient de machines incroyables, de découvertes permettant aux races inférieures de rivaliser avec les exploits des mages elfiques. Ils ne voyaient pas que leurs traditions allaient les mener à leur perte ? La nature, ce n'était pas s'adapter pour survivre ? Parce qu'il osait tenir ce genre de propos, il était mal vu et beaucoup d'autres pointes d'argent passaient leur temps à le quereller. Mais Aekian n'était pas du genre à se laisser faire. Alors il répliquait. Parfois du poing... parfois avec une lame.

Jusqu'à l'altercation et les blessés de trop. "Vous êtes une honte pour notre corps..." Les mots raisonnaient encore aux oreilles de l'elfe. Seul son frère aîné était venu le voir alors qu'il croupissait au fond d'une geôle. "Père ne veut pas user de son influence pour toi... tu es une cause perdue...." Il avait accueilli la nouvelle sans broncher. Aekian avait continué ses exercices en entendant son frère enchaîner les reproches, feignant l'indifférence. Il l'avait toisé de pied en cape, dans son bel uniforme d'apparat. Le Banni s'était contenté d'esquisser un sourire narquois. "La cause perdue, c'est notre Empire, tiraillé entre des traditions qui nous sclérosent et des décadents qui nous affaiblissent... nous valons mieux que ça..." Les deux frères s'étaient regardé - séparé par les barreaux et un abîme d'incompréhension - avant de se séparer sans un mot et sans affection.

Les yeux perdus dans l'océan, Aekian était plongé dans le doute désormais. Ses désirs d'ailleurs semblaient moins romantiques après avoir passé la traversée à dégobiller tripes et biles par-dessus bord. Il distingua enfin Olios, à l'horizon. Bien loin du débarquement triomphal qu'il imaginait, il arriverait, malade, l'estomac vide, dépouillé de tous ses biens... il avait bien remarqué que les marins avaient volé tout ce qu'il avait de valeur, mais il était trop mal en point pour régler ses comptes. Au point où il en était, il hésitait entre les remercier de ne pas le jeter par-dessus bord et les supplier de le faire pour mettre un terme à son calvaire....

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18 mois plus tard, l'archer avait repris les rênes de sa vie. Se servant de ses talents affûtés chez les pointes d'argent, il avait découvert qu'on trouvait aisément du travail dans les grands mégalopoles si on savait se servir d'une arme. Désorienté au départ, son instinct de survie s'était vite adapté à la jungle urbaine, régie par des règles pas si différentes que le Bosquet. Chacun avait son territoire sur lequel il régnait: les criminels, les miliciens, les politiciens, les religieux, tout comme les prédateurs se partageaient la forêt. Il fallait apprendre à relever les pistes et les indices...

Mais ici le gibier allait sur deux pattes et était bien plus retors que dans le bosquet... rendant la traque plus excitante et la victoire plus gratifiante...