La teinte écarlate des iris de Mélusine, marque de la corruption s'étiolant dans ses veines, est la première à capter l'attention.

Les cheveux d'un noir de jais striés de mèches rouges de la jeune femme, métamorphose également issue de la corruption, encadrent un visage d'albâtre n'ayant jamais perdu les douces rondeurs de l'enfance. Son nez court et mutin accentue son aspect juvénile. Des lèvres pleines, souvent peintes en rouges, détonnent au milieu de ce visage de poupée de porcelaine : ne serait-elle donc pas une enfant ? Elle sourit souvent, surtout lorsque la situation ne s'y prête pas.

Mélusine est très jolie, et en joue souvent. Sa poitrine inexistante est le défaut physique qu'elle abhorre le plus, et mal sera avisé celui qui lui en ferait la remarque.

Ses jambes fines supportent une silhouette éthérée, s'élevant à près d'un mètre cinquante-sept au-dessus du sol. Son corps mince et gracile semble si fragile qu'on s'étonne à ne pas le voir se briser à chaque coup de vent.

Préoccupée par son apparence, Mélusine drape sa frêle silhouette de luxueux tissus rouges, noirs et améthystes, et son visage de bijoux rutilants. Elle aime se farder les joues afin d'atténuer l'aspect cadavérique de son teint. La corrompue parle d'une voix cristalline, et son rire est plus pur que l'eau de roche.

Les mains douces et blanchâtres de la jeune femme témoignent d'une vie aisée, éloignée du dur labeur. Son odeur est celle de la rose, son parfum préféré.

Mélusine est une manipulatrice, qui n'aura aucun scrupule à utiliser qui que ce soit pour parvenir à ses fins. Toutefois, si elle donne sa parole, elle la respectera. S'il n'existait pas de possibilité de jouer sur les mots bien entendu.

Elle respecte sa famille et l'ordre établi, mais uniquement car elle sait pouvoir en tirer profit. Loyale, elle saura protéger ses alliés, mais attendra le même traitement en retour : toute trahison entraînera un châtiment terrible. Joueuse, elle s'amusera à user de son pouvoir d'oniromancienne afin d'infliger une véritable torture psychologique à ses victimes. Cette cruauté tranche avec l'immaturité dont elle fait preuve au quotidien : jeux enfantins et poupées sont son quotidien et elle ne s'en cache pas. Elle ne souhaite aucunement grandir, se marier et avoir des enfants.

Elle cherche à devenir la prochaine cheffe incontestée de la famille Daref, plus pour s'amuser que par réelle ambition. Si elle parvenait à ses fins, cela ne serait peut-être pas une bonne nouvelle pour le cristal d'améthyste, car l'oniromancienne serait un leader tyrannique, sous un maquillage de douceur.

Je n'ai jamais connu ma mère. Elle est morte en nous donnant naissance, à Melchior et moi. Je pense que c'est pour cela que Père nous déteste, même s'il ne l'a jamais dit : ses yeux parlent pour lui.
Tout comme moi, ma mère était oniromancienne : partager ce don me donner le sentiment, illusoire, d'être plus proche d'elle. Mère était une Daref, tout comme mon Père. Ils étaient cousins. Père est l'actuel chef de famille, ce qui fait de Melchior et moi les héritiers principaux présumés. L'héritage de notre famille étant plus marqué par la violence que par le droit du sang, j'ai bien conscience que cette position ne signifie rien.

Nous avons été éduqués par notre tante Ostara, la sœur de Mère. C'est une oniromancienne brillante, très sévère, mais juste. Malheureusement pour elle, elle est extrêmement laide : un effet de la consanguinité, je suppose. C'est sans doute pour cela qu'elle est toujours restée célibataire. C'est une bonne chose selon moi : elle avait tout son temps à nous consacrer, et Melchior et moi apprirent les bases de l'oniromancie dès le plus jeune âge. C'était une très bonne enseignante.

Père n'a quand à lui pas participé à notre éducation. J'ai le vague souvenir de le voir nous donner un présent pour notre anniversaire, il y a des années, mais je ne sais pas s'il s'agit d'un rêve ou d'un souvenir.

L'absence de mes parents me pèse parfois, mais heureusement, j'ai Melchior. Nous nous ressemblons tant physiquement qu'il y eut un temps ou nous pouvions nous faire passer l'un pour l'autre. Depuis, Melchior a tellement grandi que ce jeu plus envisageable : il doit faire 30 cm de plus que moi maintenant. Il est devenu rabat-joie depuis quelques temps : "Il est temps de grandir", me dit-il lorsque je lui demande de jouer à la marelle ou au chat perché. Je ne vois pas le rapport entre grandir et ne plus s'amuser, pour ma part. Je continuerais de jouer jusqu'à ma mort !

Mon nouveau jeu est d'ailleurs de parier sur la mort prochaine d'un membre de ma famille. Ils se battent tellement entre eux qu'un accident arrive fréquemment. J'aime beaucoup.
Ils pensent parvenir à gagner une place importante dans la famille via ce procédé. Ridicule. Seule une avancée discrète dans l'ombre pourra parvenir à cette fin. Je m'y emploie depuis peu : agrandir mon terrain de jeu en devenant l'héritière de la famille serait particulièrement amusant ! Il me tarde de mener les miens à l'assaut des oreilles pointues, afin d'éradiquer ces vermines. Cela sera fichtrement amusant.

Contrairement à mes pairs, je n'ai pas commencé mon éducation dans une église, et ne l'ai pas finie à Pandora. Ma tante et la Matriarche de la forêt de la sœur furent tour à tour mes perceptrices, jusqu'à mes 16 ans où je commença mon service militaire. Mes petits bras ne me permettant pas de me dire chasseresse - je peine à soulever mon sac - je fus recrutée au Triomphe de l’Empereur en tant que stratège apprentie. J'ai adoré faire flamber virtuellement des oreilles pointues. Je garde un chaleureux souvenir de cette époque.

Mon service militaire s'étant déroulé sans accident - beaucoup avaient peur de moi, aussi on me laissait tranquille - j'ai obtenu l'autorisation de continuer mes études à Pandora jusqu'à mes 22 ans. Je chéris actuellement ma liberté en craignant le retour à la maison, car Ostara ne se cache pas de vouloir me marier dès mes études finies. Je suis formellement contre cette idée. Le principe même du mariage me donne des boutons. J'ai toujours repoussé l'échéance, mais je ne pourrais indéfiniment jouer au chat et à la souris.