Il n'est pas inadéquat de penser que celui que l'on connait sous le nom de Salvador Sil Troya attire bien souvent tous les regards dès qu'il pénètre dans un lieu quelconque de Cirdan, certains diront que la principale raison reste sa fonction hautement placée au sein de la cité, d'autres soutiendront par mauvaise foi que c'est là le propre des vampires que d'accaparer l'attention via une sorcellerie leur étant propre. Et si il y a peut être une part de vrai dans chacune de ces théories, la vérité est bien plus simple et quelque part logique qu'il n'y paraît et tient au fait que l'individu dégage un certains charme associé à un charisme certains qui se retrouve en plusieurs point. Tout d'abord un port altier et fier, certes n'allant pas jusqu'à l'arrogance pure et simple mais plutôt orbitant de tel manière à offrir une noble dignité à la démarche dans laquelle l'intéressé se tient comme il se déplace. L'on pourrait même techniquement pousser le vice en mentionnant un faciès avenant la plupart du temps sur lequel les sourires enjôleurs ne sont pas étrangers et ce quand bien même des traits sévères et dures peuvent tout aussi bien apparaître en digne verso de la pièce.

Mais au delà de ces mimiques que l'on ne saurait déterminer réellement comme fausses ou sincères tant une dose de mystère conséquente englobe aussi l'individu, les traits généraux de ce dernier sont pour le moins des plus favorables et ne sauraient rebuter quiconque dans les faits à moins d'avoir une aversion définit pour tout ce qui se veut... Correct dirons nous en toute modestie. Quelque part, l'on pourrait soutenir que les teintes d'ébènes associés à l'écarlate offriraient un côté sinistre, mais la gente féminine ne semble pas être de cet avis. Après tout Salvador se trouve régulièrement assiégés par les prétendantes qui dans un manque d'imagination flagrant ont souvent recours à une avalanche de flagorneries portant tantôt sur ses pupilles d'un pourpre impérial ou bien sur sa chevelure charbonneuse aussi finement entretenue que le bouc qui l'accompagne plus bas est habilement taillé.

Et c'est là sans parler de sempiternels commentaires sur la carrure pour le moins imposante du vampire qui laisse se dissimuler une musculature forgée après des décennies d'efforts et d'alimentation saine si l'on puit dire ainsi. Enfin vient le dernier réel argument qui n'est pas sans impact, la démonstration de richesse qui s'incarne à travers le style vestimentaire. De fait, quand l'on évoquait une démarche noble, un port altier, une tenue digne, l'on ne pouvait faire l'impasse sur multiples costumes taillée dans les meilleures étoffes dans lequel le vampire aimait de toute évidence s'encastrer. Gants de cuirs seyants, cravates simples ou lavallières à la dernière mode, longs manteaux aux ornements complexes ou capes volants au gré du vent dans son sillage, tout un arsenal afin de faire savoir on appartenance à la bonne société et ce quand bien même l'alliance du cramoisie et du nocturne en guises de couleurs puisse-t-il parfois être de mauvais goût dans certaines occasions.

Heureux les simples d'esprits car la terre leur appartiendra un jour, c'est là l'éternel rengaine qui n'est pas dénuée de faux si l'on se dit que tous les grands esprits finiront par s'entretuer un jour à force de rechercher la domination et la suprématie. Et si il est vrai qu'il y a aussi de cette quête dans l'esprit de Salvador, l'on ne peut dire pour autant qu'elle est unique et à plus précisément il convient de mentionner qu'elle n'est qu'une part parmi d'autres d'une grande oeuvre débuté il y a de cela plusieurs siècles. D'aucun dirait ainsi avant toute chose que le vampire se veut respectueux des traditions, un parangon de coutumes et le plus grand partisan de l'ordre ancien des elfes et des humains maudits, en vérité il conviendrait plutôt de dire qu'il est l'incarnation même et se considère en soit comme tel de tout ce qu'incarne à l'heure actuelle l'élite aristocratique vampirique siégeant à Cirdan. A ses yeux il ne s'agit pas d'arrogance, mais d'une simple vérité et plus généralement d'un sacrifice car après tout il a depuis longtemps abandonné ses aspirations personnelles afin de se dévouer corps et âmes à se gens, à ses homologues, à ses vassaux. Quelque part c'était là une part du contrat, renaître en être nouveau, libéré des considérations à courte vision des elfes comme des humains afin de consacrer une existence étendue à plus grand encore.

Le conseiller, le Vampire, le Philanthrope, le Mystique, le Patriarche, le Scientifique, difficile finalement de déterminer qui est réellement Sil Troya peut être est-t-il tout et rien de cela à la fois, mais même après des décennies et des siècles à hanter les coulisses de ce monde personne n'a jamais pu donner une réponse définitive à la question et c'est peut être mieux ainsi. Dans tous les cas seul l'intéressé serait à même de lever le voile sur son être profond, ce qui aux dernières nouvelles n'arrivera peut être jamais aux yeux de tous, cultiver le mystère étant son passe-temps favori quelque par et ce jusque dans sa façon de tirer les ficelles.

Car certes le vampire n'est pas étranger aux convenances sociales et était même la plupart du temps des plus cordial et en apparence raisonnable, misant sur un flegme teinté de nostalgie tout en sachant apprécier les petites choses, mais tout l'inverse était aussi possible et en soit, personne et pas même les rares faisant partis de son cercle privé ne souhaitait le voir se rapprocher des mythes du monstre sanguinaire qui collait aux basques des longues canines depuis des siècles, ce qui advint plus d'une fois par le passé lorsque l'ire de l'intéressé atteint son paroxysme et qui ne devait advenir une nouvelle fois. D'aucun dirait en fin de compte que Salvador est un monolithe d'équilibre basculant sans crier garde d'un côté comme de l'autre du spectrum de expressions en fonction des situations mais surtout de ses envies de mascarade car en fin de compte c'est cela qu'il faut retenir, la Voix de minuit ne vit que pour régenter les siens et leur assurer un avenir aussi pour cela se doit-t-il de tirer de multiples ficelles et d'arborer des masques à toute heure en fonction des besoins, cela en digne partisan de la Comedia del Arte assurément.

Tic, tac, tic, tac, tic, tac, les aiguilles de le la montre à gousset donnent le ton en cette soirée où la Lune entre en phase de plénitude absolue, et même si sa robe n'est guère écarlate sa parure d'albâtre est une bonne occasion à l'heure où les cabots maudits hurlent à l'unisson vers les cieux pour remettre au goût du jour quelques traditions ne pouvant être mises à l'honneur que dans des cadres très précis. La tenue en l'espèce du Banquet de Silistra est à l'ordre du jour ou plutôt de la nuit en l'espèce, une réception plusieurs fois centenaires qui ne saurait advenir que lorsque l'astre lunaire règne sans partage dans la voute céleste et qui à l'image des réceptions et autres évènements de famille rassemblent sous un même toit des proches liés par d'antiques pactes et des voeux tout aussi anciens.

Un moment ô combien important au sein des halls dissimulés et des antichambres secrètes où siégeait depuis des décennies désormais la Cour et ses dépendances. Bien des pages s'étaient tournés dans le grand livre de son histoire, et celle ci avait traversé les âges sous de nombreux noms au gré des besoins et des caprices de ses maîtres mais toujours elle avait réussi à perdurer. Sous le règne du nom de Troya, LA Cour de minuit était revenue à sa fonction première autant qu'à son appellation originelle, régir une société de vampires par les vampires pour les vampires, ni plus ni moins, ironique lorsque l'on savait que ces êtres tendaient à se rapprocher souvent des comportements les plus bestiaux qui puissent exister, et voilà que l'aristocratie nocturne cherchait à se placer en épicentre du bon goût, de la haute noblesse dans toute sa splendeur et ce afin de garantir un ordre tout relatif et pour ainsi dire bancal sur le principe à cause de leur nature même qui les poussaient à céder à des pulsions que nul être doué de conscience en ce bas monde ne devrait avoir à subir.

Mais les faits étaient là et ce soir, nul ne pouvait nier que la nuit appartenait à sa noblesse sanglante. D'un geste de la main, Sil Troya fit disparaître sa montre à gousset dans une des failles de son veston avant de rehausser ses gants, s'éloigner par la suite du vaste miroir qui siégeait à la mi-montée de l'escalier amenant à ses appartements, descendant celui ci marche après marche avec un flegme n'ayant rien à envier aux plus estimés des sages de la race elfique, d'aucun dirait qu'il s'agissait là d'habitudes qui avaient la dents dure du temps où il n'était pas encore sous l'effet de cette... Malédiction... Ou de ce don, cela dépendait des points de vue. Mais quoi qu'il eut été, cela n'avait guère plus d'importance depuis bien longtemps, son destin avait été tracé il y a des siècles de cela lorsqu'après avoir ployé le genoux devant feu le Prince Sil Silebor, à cet instant là celui ci l'avait par la même occasion pris sous son aile, décidant de son avenir désormais présent. Encore là une tradition, aussi vieille que la tenue de la Silistra, mais plus essentielles, plus importante car après tout l'on parlait là de perdurer, il était après tout le devoir primaire de tout monarque de se doter d'un héritier qui prendrait la suite de son règne après avoir sombré dans les ténèbres de l'au delà.

Nostalgique étaient ces mémoires et nostalgie elles resteraient uniquement, l'emprise du passé ne devait avoir aucune incidence sur la tâche présente, ce qui était fait, était fait et ce qui était à faire ne saurait souffrir quelconque retenue à cause de fantômes dont l'âge était depuis longtemps révolu. C'était là la première leçon qu'on lui avait enseigné en tant qu'échanson d'un si noble seigneur, la première d'une longue série. Les codes étant ce qu'ils étaient, il y avait tout un monde à connaître, ou plus exactement à découvrir et ce tout en oubliant ce que l'on savait car en fin de compte en ce bas monde sur la longue chaîne alimentaire, nul n'était égal et l'on trouvait toujours quelque chose se dissimulant vers ce qui apparaît comme un sommet. La seconde règle en somme, qui même aujourd'hui était encore d'actualité, car quelque part s'il se savait au sommet de son univers, le vampire n'ignorait pas pour autant que l'on pouvait toujours tomber plus bas au sein du trou du lapin.

Plongé dans de tels considération, Salvador avançait, pas à pas et alors qu'il arpentait le long tapis rouge sillonnant un carrelage sans une once de poussière, son regard s'attarda sur les garnitures trônant sur les murs et aux abords de ceci. La galeries des mémoires comme certains aimaient la nommer était en effet un de ces hauts lieux de recueillement où les suceurs de sang cultivaient à leur manière la contemplation de ce qui fut un jour, d'aucun dirait qu'il s'agirait là des réminiscences de leurs vies elfiques ou humaines, d'autres soutiennent qu'il ne s'agit là que d'une mimique des pratiques des non-maudits afin de ne pas se perdre dans la bestialité, en fin de compte il y a peut être des deux. Toujours est-il que l'existence même de ce long couloir est une contradiction aussi flagrante qu'amusante, et pas la seule d'ailleurs, qu'ont les vampires locaux quand à leur rapport à la temporalité. Après tout, même si ils se targuent d'ignorer la poussière d'autrefois, les chaînes de la tradition et le échos sont un poids pour leur existence autant qu'une canne qui les aide à avancer sur long chemin de l'existence.

Sil Silebor... Sil Fortuna... Sil Severus... Sil Batisdonne... Sil Macronus... Sil Silistra... Un Sil ici, un autre Sil Là, encore un Sil entre deux et enfin, siégeant sur le dernier emplacement occupé en date, Sil Troya. Autant de portraits d'anciens monarque de la nuit ayant forgée la Cour que d'histoire uniques empruntes de morales comme de leçons à tirer afin de continuer à avancer. Sil... Trois lettres extrêmement importante pour chaque membre de la Cour qui se respecte, trois fragments d'une identitée, d'un choeur unie, d'une caste et surtout d'une famille. Prestiges et bonne fortune côtoient les tenants de cette particule qui selon les légendes seraient tous amenés à vivre des existences que le commun des mortels ne peut qu'envier et ce dans la gloire et la satiété comme la tragédie et la disette. La marque d'êtres dédiés à une existence hors du commun en somme. Une élite.

Sil Troya. Cela sonnait bien. Le vampire sourira légèrement en coin à cette pensée alors qu'il arrivait quittait les regards pleins de jugements de ses prédécesseurs immortalisés dans le marbre ou la peinture. Leur compagnie était plaisante en soit mais seulement lorsque l'on souhaiter s'isoler ou se plonger dans quelques méditations, or ce n'était plus l'heure de se consacrer à cela. Les lourdes portes délimitant la fin de la gallerie et qui menait à la salle de bal s'ouvrirent sous l'impulsion des deux factionnaires en service devant celle ci. Ces dernières s'inclinèrent au passage de l'aristocrate, difficile toutefois pour ce dernier de les détailler alors qu'ils dissimulaient leurs visages sous ces masque réglementaire au long bec, l'origine d'ailleurs de ce sobriquet par lesquels on les interpellait. Les escadrons Corvus, en l'honneur des volatiles porteurs de mauvaises nouvelles, ces bipèdes de mauvaises augures pour leur part n'avaient rien à envier aux oiseaux dont ils empruntaient l'appellation dans la mesure où nul à part les grandes instances de l'aristocratie nocturne n'appréciait réellement les voir apparaître tant cela annonçait quelque chose de mauvais à venir.

Mais pas ce soir à priori, l'heure était aux festivités et non pas aux règlements de menus problèmes ci et là, les Corvus disposés aux quatre coin de la grande salle étaient après tout présent uniquement présent afin de faire bonne figure et ainsi réguler pour la forme les entrées, les apparences étaient importantes et si en soit il n'étaient guère véritablement nécessaires au bon déroulement du banquet, leur présence en tant que garde d'honneur faisait partis des us de la tradition. Les apparences étaient importantes et les codes ne souffraient aucune contestation. C'était comme cela que la Cour fonctionnait, après tout il était crucial lorsque l'on parlait d'êtres potentiellement enclins à sombrer dans une frénésie sanglante de maintenir dans les rangs tout ce beau monde afin d'empêcher les écarts. La société vampirique Cirdanaise après tout était tel une une horlogue et chacun se devait d'être à sa place et de faire ce qu'il devait selon des voies précises pour que tout fonctionne pour le mieux. Pas un engrenage ne saurait dévier de sa fonction première sous réserve de se voir recadrer par l'horloger. Et en digne artisan, Salvador mettait un point d'honneur à fignoler son travail d'orfèvre et entretenir ce dernier afin qu'aucun accroc ne vienne perturber la la structure même auquel il avait dédié sa nouvelle vie.

Arrivé au deuxième étage, Salvador s'approcha de la rambarde sculptée, s'appuyant un instant sur cette dernière de ses deux mains afin de contempler en bas les dalles colorées formant un ornement complexe où s'illustrait une semi lune d'ébène arborant plusieurs motifs d'un blanc immaculé en son sein. Balayant les lieux d'un regard inquisiteur, Sil Troya hocha légèrement la tête à la vue des diverses tables déployés ci et là aux quatre coins des lieux et sur lesquels siégeaient divers mets pour lesquels l'on tuerait massivement au sein du Groupe ainsi que un arsenal d'amphores et de bouteilles scellés avec soin et que le maître des lieux savait contenir le nectar nécessaire à la subsistance des siens. Que serait-ce une réception de vampires digne de ce nom si les cépages n'étaient pas au rendez-vous après tout.


De toute évidence les préparatifs étaient bien avancées, pour ne pas dire qu'ils entraient dans leurs dernières phases de mise en place. Les servants et servantes arborant la livrée lunaire allaient et venaient afin d'achever le tout, dans le même temps une part non négligeable des invités attendus semblait déjà hanter les lieux, dispersés en plusieurs groupes aux quatre coins de la salle, ils attendaient de toute évidence avec impatience l'ouverture des festivités et passaient le temps en discutant tantôt des dernières nouvelles du Gouffre et des interventions nécessaires à venir, parfois de ce qui se tramait à travers le monde d'Havresac à Iphenia, ou même plus simplement de la politique du conseil et des récents exploits de Virion. Si l'on respectait la grandeur d'âme de l'individu et son ténacité qui avait menée à la fondation de Cirdan, ses idéaux toutefois tendaient à laisser perplexes parfois et l'incapacité apparente de l'intéressé à prendre des actions dures mais nécessaires de temps à autres sapait de manière non négligeable le crédit que l'on pouvait lui accorder et était d'ailleurs une source régulière d'attaques sur le plan politique de la part de certaines forces au conseil. Et si une mode avait même vu le jour au sein de certaines franges de la société vampirique de la ville fut un temps visant à surnommer Virion "La Madeleine", celle ci disparu aussi vite qu'elle était apparu grâce à la main invisible de Sil Troya qui pour le coup avait étrangement pris très à coeur la chose. Certainement là des raisons politiques à l'oeuvre, quoique... Les hauts dignitaires de l'aristocratie nocturne s'étaient illustrés en ne prenant aucune part à la plaisanterie. Un hasard assurément.

Dans tous les cas il était raisonnable de penser que de tels farces au delà d'être méchants pour être méchantes n'étaient surtout pas adaptés aux intérêts de la Cour, en effet, la relative sécurité et le respect accordé aux sangsues surdimensionnés par les habitants de Cirdan n'avait pas été aisé à obtenir. L'état actuel des choses était le fruit de longs et de conséquents efforts déployés entre autre par Salvador et ses plus proches qui avaient recrée de toute pièce une société dans la société afin de pouvoir s'intégrer et coexister en étant épargné par les classiques chasses aux sorcières qui avaient encore lieux dans d'autres parties du monde. Il fallait en effet se souvenir que leur malédiction était autant source de puissance et de prestige que la cause de la crainte ainsi que la méfiance de ceux ne la subissant pas. Un vampire était un prédateur après tout et toutes les perruques, soieries et autres éléments de mode ou de maroquinerie du monde en leur possession ne changerait pas ce fait. Les apparences n'était qu'un moyen de faire oublier cela et les gestes de bonne foi un ajout nécessaire afin de cimenter l'avenir de l'aristocratie nocturne en ce havre mondial que se voulait être Cirdan.

Mieux que quiconque, Salvador savait qu'elles avaient été les contraintes, les sacrifices, les obligations. En plusieurs décennies il n'avait pas oublié et si la route avait été longue, les mauvais jours étaient derrière eux. Aujourd'hui, sous son égide, sous celle de la cour, de ses codes, de ses traditions, de son absolutisme, les siens avaient gagnés le droit d'exister aux yeux de tous. Ils avaient gagnés le respect et une influence qui n'avait rien à envier à celles d'autres dynasties nocturnes siégeant dans des nations étrangères. Mais pas par la terreur et la crainte, ou du moins pas totalement, mais plutôt par le progrès et le pragmatisme le plus pure et simple qui soit. Car tout aussi terrifiants qu'ils étaient, les vampires demeuraient les plus à même de réguler leur propre engeance, et ça personne ne pouvait le nier. En sachant cela, l'on pouvait certainement penser que les fondateurs de Cirdan avaient fait le bon choix en établissant plus qu'une entente cordiale avec les maîtres de la nuit. De monstres sanguinaires à Garants de l'Ordre social grâce à la renaissance de la Cour de Minuit sous l'égide de la Grande Mascarade. Qui l'aurait crû ?

Peut être personne autrefois, mais désormais les faits étaient là. Contemplant avec satisfaction ses invités, ses frères, ses sujets arriver en grande pompes afin d'assister à ce nouvel opus dans la longue histoire des banquets de la Sillistra, Salvador fut tiré de ses pensées par un des valets l'interpellant.

<< Patriarche. Vos humbles serviteurs ont achevés les derniers préparatifs quand aux... Distractions de la soirée. Les serres se sont chargés de discipliner le bétail réfractaire. Tout est en ordre désormais, vos invités sont presque tous arrivés et notre Dame vous fait savoir qu'elle accueille à l'instant le conseil restreint ainsi que votre... Candidat... dans le petit salon. >>

Se tournant vers son interlocuteur, Salvador détailla durant quelques secondes ce dernier et reconnu bien assez vite son vieux chambellan. Ramon... Si vieux déjà, présent depuis sa jeunesse au sein des couloirs gothiques de la cour à faire ce qu'on lui disait et systématiquement présent afin de se rendre... Utile pour un humain. Salvador acquiesça aux mots de ce dernier.

<< Fort bien... Alors ne reste qu'à ouvrir les festivités. >>

Sil Troya quitta son poste sur la rambarde et commença à se diriger vers une alcôve faisant office de balcon, s'arrêtant toutefois un instant, mettant sa main sur l'épaule du chambellan en arborant un sourire plus ou moins bienveillant.

<< Déjà plus de quarante ans de bons et loyaux services n'est-ce pas ? Il va être sérieusement temps de se pencher sur VOTRE récompense. >>

L'intéressé s'inclina avec respect et en silence alors que le vampire avait reprit sa marche, se saisissant d'une coupe emplie de sang sur le plateau qu'une servante lui tendait depuis les abords de la ronde de l'étage. Arrivé finalement au balcon, il brandit ladite coupe d'une main et d'un gracieux geste attira l'attention de toute l'assemblée dont une partie pénétrait encore dans la salle plus bas.

<< Frères et soeurs de la nuit ! Laissez moi vous souhaiter la bienvenue à tous et toutes pour cette nouvelle édition du banquet de la Sillistra ! >>

Une entrée en la matière simple qui ne faisait qu'annoncer l'ouverture de l'évènement, la soirée ne faisait que débuter en effet et le discours d'ouverture du Patriarche des vampires de Cirdan allait bien assez vite laisser place aux traditionnelles et antiques activités qui rythmait à chaque fois les festivités, ce tandis que Salvador Sil Troya allait se retirer à son tour et comme à son habitude vers le petit salon pour assister à la cérémonie privée qui était le véritable intérêt de cette nuit et qui devait entériner la nomination d'un nouvel héritier présomptif pour l'avenir de la Cour. Ce avant le lendemain de s'en retourner à ses fonctions autres, car au delà de ses devoirs vis à vis des siens, le vampire avait aussi des obligations et pas des moindres en vers Cirdan, en tant que membre du Conseil et scientifiques ayant participé à la démocratisation du sang synthétique, bien que ce soit désormais les fonctions politiques en tant que représentants des maudits qui l'occupait plus que ses anciennes activités qui ne le préoccupait plus que dans le cadre d'un hobby passager voir en de rares occasions en tant que mentor d'une nouvelle génération de jeunes et brillants esprits à l'académie. Et encore...