Entre les feuilles, une main à la peau halée pendait. Elle se balançait doucement, poussée par la très légère brise qui parfois agitait le feuillage d'un vert vif. L'index détendu fut agité d'un léger spasme au cri d'un perroquet sur une branche voisine. La jungle entière bruissait d'une vie luxuriante. Un bracelet végétal orné de coquillages reposait contre la paume de la main, attaché à son poignet. Le poignet se prolongeait par un bras nu, puis une épaule brune tout aussi dénudée. La propriétaire de l'ensemble avait, comble de la coquetterie, noué autour de son avant bras des fibres végétales encore vertes pour retenir une petite plume colorée.

Cette épaule nue menait aux reliefs vallonnés du dos d'une jeune elfe sur lesquels débordaient les longues mèches d'une crinière grise. Une longue oreille effilée à l'extrémité redoutablement pointue en dépassait, et frémissait au moindre cri d'oiseau.

Elle était assoupie, allongée à cheval sur une grosse branche couverte d'une mousse douce et épaisse. Sa joue gauche disparaissait dans le végétal, un sourire ornait ses lévres. les pans de son pagne, qui constituait presque son seul vêtement, ondulaient, soulevés par la brise changeante.

- YALI!

Le cri fut si puissant qu'il fit s'envoler une nuée d'oiseau. La demoiselle, elle, frémit, et se redressa aussitôt sur sa branche, les oreilles orientées dans la direction de la menace, ses yeux marrons clairs aussi grands ouverts que si on lui avait jeté un seau d'eau sur la tête.

C'était un peu le cas, car, au dessous d'elle, une autre elfe, beaucoup plus vieille, dotée de la même chevelure et tout aussi dénudée, la regardait, un poing sur la hanche, une lance dans l'autre main. L'arme faisait plus ou moins la taille de la jeune elfe perchée. Son bois gravé de symboles était surmonté d'une dent aussi monstrueuse qu'aiguisée. Quelques plumes chamarrées étaient attachées aux lacets qui retenaient la dent au bois.

-YALI! ALLETE DE LOUPILLER! DESCEND TOUT D'SUITE! VIENS T'ENTLAINER!

Yari roula des yeux puis soupira. Puis, d'un mouvement souple que n'aurait pas renié un singe, elle se laissa glisser. Resister aurait été un combat bien trop fatiguant pour mériter d'être mené.

- Nonchalante et conciliante :  S'il y a une chose que Yali aime encore moins que le travail, ce serait le conflit. C'est beaucoup trop fatiguant. Il existe des gens qui ne peuvent s'empêcher de vouloir convaincre, de débattre pendant des heures puis d'avoir le dernier mot. Ce n'est pas son cas, elle préfèrerait de loin se coucher au soleil sur une plage de sable fin, puis roupiller pendant que les premiers s'énervent et se dominent. DDe manière général, il est difficile pour elle de se lancer dans des activités fatigantes. Se reposer et manger sont des valeurs bien plus sûres.
- Intrépide : Une fois surmonté sa nonchalance et sa flemme, lorsque qu'on l'a convaincu de faire des efforts, et qu'elle se lancer dans l'action, Yali n'est pas elfe à ménager ses efforts. La joie qu'elle ressent lorsqu'elle combat, lorsqu'elle éprouve ses compétences, lorsqu'elle doit faire des efforts est sans égale. Elle n'hésite pas à prendre des risques lorsque la cause en vaut la peine.
- Simple: Yali n'aime pas la politique. C'est beaucoup trop fatiguant, et elle sait très bien que c'est au-delà de ses capacités, simplement parce qu'elle se lasse avant de pouvoir apprendre quoi que ce soit. Pour elle, la vie parfaite est faite de jeux et de tout ce qui peut lui apporter du plaisir. Malheureusement, elle est aussi consciente que la vie est plus compliqué qu'elle devrait être, en partie d'ailleurs parce que les gens la rendent inutilement compliquée.
- Compatissante: Certains ressentent le frisson de la chasse et du meurtre. Ceux là dégoutent Yali. Si elle chasse, c'est pour l'amour du défi, et parce que cela peut apporter aux autres. C'est souvent ce caractère compatissant qui lui permet de surmonter sa flemme.

Yali est née dans le petit village de Yamaka, une des tribus elfiques perdues au beau milieu de la jungle épaisse qui recouvre de sa haute canopée la gueule de dragon d'une famille de chasseurs dont il n'y a pas grand-chose à dire. Yali aurait d'ailleurs été une petite fille comme les autres bien qu'un peu flemmarde si seulement elle ne s'était pas appelée Yali. Car dans ce village, comme dans d'autres de la région, les parents ne nommaient pas leurs enfants. C'était quelque chose que la vie leur donnait.

Lorsque cette année là, la vieille Yali visita le village comme elle le faisait une fois tous les ans, sa lance ancestrale à la main, après qu'elle eu tué la bête qui dévorait ceux qui s'aventuraient sur son territoire, une fois qu'elle eu offert le fruit de sa chasse à la communauté, et lorsque la communauté lui offert l'hospitalité en retour, son regard se posa sur cette petite fille en particulier.

Et ce soir là, Yali fut nommée Yali, et, conformément aux traditions du village, on lui offrit la raptor aux plumes chamarrées, tout juste sortie de l'œuf, qui allait être sa monture.

Le lendemain, elle quitta le village avec a chasseuse. Pendant des années, elle l'accompagna de village en village, parfois jusqu'à la lisière de la jungle. Yali l'ancienne la berça d'histoires, lui apprit la chasse et le combat. Yali n'était pas une étudiante facile, bien trop nonchalante au goût d'une professeur souvent contrainte de la rappeler à la destinée qui était la sienne, destinée dont elle se serait bien passé.

Les années passèrent, That'haYoyo grandit jusqu'à devenir une magnifique créature aux crocs et aux griffes aussi acérées que ses plumes étaient magnifiques. Yali grandit avec elle, difficile élève d'une difficile professeur.

Malheureusement, cela ne pouvait pas durer. Un jour, à l'issue de péripéties dramatiques dont le récit dépasse de loin la longueur admissible pour ce récit, et au plus grand désespoir de sa pupille, Yali l'ancienne mourut. Ce fut une mort glorieuse, qui laissa plus d'un guerrier sanglant sur le sol du désert alors qu'elle permettait à la jeune Yali de s'enfuir. La jeune elfe erra longtemps, découvrant un monde en dehors de la jungle dont elle ignorait tout.

Et c'est ainsi qu'elle finit, aec That'hayoyo par débarquer sur les côtes de Luhorn.