Maedusa est une jeune femme à la longue crinière rousse et aux yeux vairons, l’un bleu, l’autre orange, régulièrement elle en cache un sous un bandeau pour ne pas s’attirer l’attention de quelques curieux. Elle aime son corps mais pas la différence de couleur de ses yeux, qui sont, elle le pense, à l’origine de son abandon.
Miss Malachian est grande, trop pour une demoiselle aussi frêle. Du haut de son mètre quatre-vingt-trois, elle surplombe la gente féminine humaine, et c’est encore pire lorsqu’elle se dote de ses escarpins noirs.
Elle est mince, presque trop, si l’on ne considère pas la généreuse poitrine dont la nature l’a doté. Bien que maigrichonne elle cache une force, qui, bien que mesurée, étonne compte tenu de sa carrure.
Souvent vêtu de noir et de rouge, elle n’hésite pas à arborer des tenues toutes plus provocantes les unes que les autres. Elle a un corps plutôt attrayant alors autant s’en servir, non ?
Elle porte sur son corps des marques des différentes sauteries auxquelles elle a participé et les exhibe fièrement aux yeux du monde tant elle se fiche des normes sociétales qui peuvent exister.

Maedusa est une jeune fille à l’esprit libre, vagabond et décomplexé, elle aime les hommes, les femmes, pour elle tout plaisir est bon à prendre et à partager. Elle aime rendre service, même à ses dépends, ce qui la mène régulièrement dans des situations délicates.
Elle a une idée bien tranchée de ce qui est bien et de ce qui ne l’est pas. Elle ne s’en cache pas et n’hésite pas à intervenir lorsqu’elle est témoin d’une situation injuste et qu’elle a les moyens de réparer les torts commis. Elle essaie, dans la mesure du possible, de ne juger les gens que par leur acte et leur motivation.
Sa frivolité n’est plus à démontrer même si elle a été quelque peu échaudée par la nuit qui a fait d’elle une vampire. Il reste cependant assez aisé de la traîner de nouveau vers ses anciens démons, même si elle sait pertinemment qu’elle s’expose à une perte de contrôle total après deux ou trois verres de liqueur.

C’est l’histoire d’un nourrisson, née d’une femme inconnue, abandonnée aux abords de la Forêt de la Sœur, lorsque qu’Erésyia, une apothicaire d’une trentaine d’année la trouva, elle ne pleurait pas, elle était emmayotée dans un drap rouge bordeaux, des vipères belle-de-jour l’entouraient, et l’une d’entre elles s’était lovée dans le creux de son cou.
La jeune femme, incapable d’enfanter, ne put se résoudre à la laisser à son sort, aussi la recueillit-elle avec les serpents, qui pour certains ne voulaient pas quitter le bébé. Elle regarda cette enfant aux yeux vairons, entourée de vipères, et lui trouva un nom.

Maedusa

Le bébé devînt enfant, puis adolescente, très vite, son caractère libre et frivole se fît voir. Elle aimait s’aventurer seule dans la forêt à la recherche de connaissances, d’ingrédients, ou seulement de pour flâner et communiquer avec les reptiles qui s’y trouvaient. Partout où elle allait une vipère la suivait. Elle finit par lui donner un nom.

Lumina

Trop vite au goût d’Erésyia, elle atteignit l’âge de servir l’armée, trois en durant elle officia en tant que chasseur dans la Forêt de la Sœur, bien qu’ayant quelque facilité pour traquer, et capturer mort ou vif ce qu’on lui demandait, elle ne se démarqua pas plus que cela dans son escouade, elle restait une jeune femme indépendante et “bizarre” aux yeux de ses camarades qui refusèrent de se lier à elle plus que nécessaire.

À dix-neuf ans, elle était de retour au bercail, aidant de nouveau sa mère adoptive à l’échoppe, tant en préparant les potions et les onguents, qu’en accueillant et soignant les patients et les éclopés de passage dans la région. Elle était toujours radieuse et très appliquée dans son travail, mais dès que la boutique fermait, la jeune femme libre et décomplexée refaisait surface, se livrant à des beuveries et des sauteries où la débauche et la luxure régnaient en maîtres.

Elle se souvenait les derniers instants de sa vie humaine, après une soirée de fête richement arrosée de liqueur plus forte les une que les autres, elle se laissait entraîner dans une coucherie, où les corps juchés les uns sur les autres, semblaient se mêler dans la sueur et le sang. Une soirée on ne peut plus normale pour la jeune débauchée qui sommeillait en elle depuis l’enfance. Alors qu’elle se délectait de la vue qui s’offrait à elle, elle sentit une paire de crocs s’enfoncer tendrement dans ma chair.
Le picotement de cette soudaine intrusion, précéda des vagues de frissons alors que son sang lui était langoureusement soustrait. Elle plongea dans une langueur paresseuse, se laissant aller contre le corps de son charmant agresseur, les paupières de plus en plus lourdes, prête à céder au sommeil à tout instant.
Elle dut s’assoupir un moment car elle sentit quelques petites tapes sur ma joue qui lui firent ouvrir les yeux.

“Ne me laisse pas, bois ceci”

La voix semblait proche et lointaine à la fois, elle se voulait douce et réconfortante, mais elle pouvait discerner le trouble et l’agitation du jeune homme qui lui parlait. Il lui tendait un calice qu’elle saisissait et vidait d’un trait avant même de réaliser quel en était le contenu. Elle sentit un arrière goût de fer dans sa bouche, et soudainement une douleur la prit à l’estomac, une crampe comme elle n’en avait jamais eu, progressivement le mal se répandit. Elle était incapable de bouger, et pourtant c’était comme si son corps entier se tordait de douleur, comme si ses organes étaient très lentement et un à un brulés par le froid. Elle se sentait fiévreuse et impuissante, son esprit sombrait doucement dans les abysses de l’inconscience.

Quelques jours plus tard

Elle s'éveillait dans sa chambre, le soleil brillait beaucoup trop fort, s’en était aveuglant. Pourtant pas très commun dans le faubourg où elle vivait. Elle s’étira, inspira, l’odeur du vieux bois, celui des fleurs trônant dans son antre, tout lui semblait familier et différent à la fois. Alors qu’elle se demandait comment elle était arrivée là, sa gorge se serra. Elle avait soif. Elle descendit les marches quatre à quatre, arrivant dans l’échoppe de sa propriétaire, à la recherche d’une boisson pour se désaltérer. Elle trouva un jus de baie dans une cruche, elle s’en servit une bolée, mais cela n’étancha pas sa soif, aussi se resservit elle à plusieurs reprises, mais rien ne semblait y faire la soif demeurait. Elle s’accroupit la tête entre ses bras, en proie à la panique, pourquoi la soif ne passait-elle pas ? Elle avait bien dû boire un à deux litres de liquide et pourtant rien n’étanchait sa soif. Elle ne voulait pas croire ce qui était en train de lui arriver. Elle remit de l’ordre dans sa mémoire, quand tout fît soudainement sens. Elle porta instinctivement la main à son trapèze, elle pût constater qu’il y avait bien deux légères cicatrices, là où le jeune vampire s’était servi. Les pièces du puzzle s’assemblaient. La morsure, sa perte de connaissance, le goût du sang, sa transformation... Elle n'était plus une simple humaine, elle était désormais damnée à jamais.

Le tintement de la clochette de l’entrée retentit, la jeune femme se releva précipitamment l’odeur du sang était arrivée à ses narines. La soif l’assaillait de nouveau, elle se releva hâtivement et se dirigea vers le comptoir de l’échoppe, les crocs dehors, la bave aux lèvres, elle avait l’air d’un animal sauvage affamé. Elle arriva non sans peine jusqu’au plan de travail et découvrit un homme, la quarantaine, les cheveux grisonnants, le visage marqué par un travail certainement très physique, il était taillé comme un bûcheron, avait l’air accablé, comme si le poids du monde reposait sur ses épaules. C’était un habitué de la boutique, il venait régulièrement, et au vu de son regard il venait une fois de plus à cause de la santé de sa petite fille. La pauvre souffrait d’une sorte de psoriasis dont il était très dur de se débarrasser, par conséquent il venait souvent se procurer des onguents et des pommades chez eux. Lorsqu’il vit la jeune fille s’approcher il eût un mouvement de recul. Quoi de plus normal venant de la part d’un humain face à une jeune femme fraîchement transformée qui s’avance vers vous la bave aux lèvres ?
L’expression du visage de cet homme qu’elle connaissait pourtant si bien permit à la jeune vampire de recouvrer ses esprits, étouffant cette soif qui la brûlait. Elle se ressaisit et essuya le filet disgracieux qui coulait de sa bouche.
“Monsieur Luka, vous venez pour un onguent pour votre fille, elle a refait une crise ?”
L’homme bien que toujours méfiant acquiesça, et s’approcha juste assez du comptoir pour déposer la monnaie et prendre le cataplasme pour sa fille, puis partit sans demander son reste.

La jeune femme, bien qu’attristée par cette réaction, ne pût s’empêcher d’éprouver un pincement au cœur. Cela allait sûrement se reproduire avec d’autres clients, et elle ne pouvait se le permettre. Aussi ferma-t-elle la boutique en attendant le retour de sa propriétaire et d’une potentielle solution pour lui permettre de vivre “normalement”.

Erésyia arriva en fin d’après-midi et trouva sa fille étendue sur le sol, le plancher couvert de griffures, et Lumina ondulant autour de sa maîtresse en hissant furieusement.

“Que vais-je faire de toi, ma pauvre Mae”

La mère redressa son enfant l’asseyant péniblement contre un meuble avant de se faire une saignée pour la nourrir. Elle prit le bol de sang dans une main et le porta aux lèvres de son enfant.

“Il faut boire mon enfant, ne laisse pas la soif de consumer”


Ainsi commença l’histoire de Maedusa Malachian devenue vampire malgré elle au crépuscule de ses vingt-quatre ans.