Le dos droit, les épaules hautes. Notre dame est du moins dans ses attitudes et son apparence tout ce qu'on imagine d'un produit militaire moderne. Loin des formes et normes chaotiques et brutales propres à certains corps barbares notamment du nord. Elle est le pur produit de ce que Pandora exige, à savoir, un respect de la hiérarchie impériale, des normes et de l'ordre.

Une attitude qui ne se retranscrit pas seulement dans ses positions mais aussi dans ses expressions. Le visage bien souvent dur et fermé, le regard sec plutôt froid, affichant, classique de ses professeurs qui font peur et qu'on estime toujours de mauvaise humeur et cassant. Difficile de la dérider, difficile de lui faire afficher une haute gamme d'expression. La Dame reste dans ses postures, dans ses normes et n'y déroge que peu.

En passant à plan beaucoup plus physique, dotée d'une taille moyenne, son corps en lui-même est assez élancé. Mince et en forme physiquement sans pour autant que sa forme et sa résistance soient particulièrement notables dans un monde où les colosses existent. Celle-ci fut toutefois suffisante pour supporter le service militaire impérial quand bien même à l'instar de nombre de membres de sa famille, elle ne fut pas incorporée dans un service "physique". Les cheveux sont blancs, courts dont la couleur dénote par ses sourcils bien plus épais et sombre, couplé à ses yeux plus discret et légèrement teinté or.

Sur le plan vestimentaire Déborah n'étant pas une personne qui prend grand soin d'afficher une beauté et une féminité, son style reste minimaliste, se contentant de vêtement simple ou de fonction.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser d'elle à première vue, Déborah n'est pas une personne qui a mauvais fond. Cela n'en fait pas pour autant une personne propre et qui n'a pas du sang sur les mains. Après tout la guerre est la guerre et comme toute personne dans cet empire en mesure de faire quelque chose, elle a participé à la résistance humaine contre les ambitions elfiques à travers ses capacités de création de maladie ou de malédiction. Plus encore, elle ne semble pas grandement regretté et avoir le moindre remord vis à vis de toutes les actions douteuses, sanglantes et cruelles que cette dernière à pu prendre.
En effet, nous sommes ici face à une personne qui disons le, à une manière de penser assez mathématique, mécanique. Lorsqu'elle fait quelque chose, une seule question se pose dans sa logique : Est ce necessaire ?

Est ce nécessaire de produire cette maladie ?
Est ce nécessaire de faire cette expérience sur ces êtres humains ?

Logique froide, logique inhumaine a bien des égards mais qui pour autant du point de vue de l'Empire en fait paradoxale une des personnes les plus modérés vis à vis de la politique impériale prête à tout pour réaliser ses objectifs. Après tout la recherche de la nécessité pour justifier ses actes soulève l'existence d'une retenue concernant ce qui n'est pas estimée comme nécessaire et donc disproportionnée ou exagérée.

Faire des expériences pour des expériences alors qu'il existe d'autres alternatives ? Inutile
Sacrifier pour sacrifier ? Inutile

Une manière de penser qui si elle est adoubée par une partie de sa famille, à savoir celle s'étant tourné vers les arts médicaux est très loin de faire l'unanimité vis à vis des Vrammouts plus proche du pouvoir impérial, de la science et de la torture.

Bien heureusement, la personnalité de la professeure ne se limite pas à ses procédés touchant purement à la morale philosophique. Personne droite appréciant l'ordre, la rationalité, la logique, le travail, le désir de bien faire. Elle a en horreur tout ce qui ne l'est pas. Elle méprise les gens trop émotionnels, inconséquents, peu rigoureux. Chose qui se retranscrit dans ses cours et son travail où si sa relation est très bonne avec les élèves entrant dans son cadre, elle est particulièrement négative et sévère dès lors que tu oses sortir de sa discipline. Faisant ainsi à la Vrammout, une réputation en demi-teinte vis à vis des élèves. Certains la considérant comme une personne bien trop exigeante et sévère quand d'autres estiment qu'au contraire c'est justement ce qu'il faut pour la jeune génération afin de progresser.
Ordre, méthode, Logique, Raison. Vous avez interet à aimer.

La puissance, le pouvoir... Tout cela se justifiait souvent par le besoin d'une société l'obligeant à donner des privilèges à quelqu'un pour la conduite des affaires de la nation. Cette notion de besoin était celle obligeant l'Empire à concevoir de donner du pouvoir et une certaine forme d'indépendance et d'autonomie à des clans qui se démarquaient jusqu'à se rendre indispensable. Les plus en vue étaient bien évidemment les Reiss et les Daref, maître de la guerre et du champ de bataille. D'autres plus en retrait avait pour vocation de servir la chaîne logistique, que ce soient les Barbefeu vis à vis de l'artisanat et du travail du fer ou encore ce qui nous interesse ici les Vrammout dans le domaine médical.

L'Empire était ce qu'il était, une nation malade de la lutte sans merci qu'elle subissait au nom de la résistance à la domination elfique. Des elfes d'une puissance qui obligeait les humains à tout sacrifier au nom de leur liberté.

Cela avait des conséquences. Une armée vaste qui puisait dans un peuple vaste. Le point positif, nécessaire à la guerre. Mais en échange de ce pouvoir, tant de sacrifice. La surpopulation des villes couplées à l'exploitation extrême des sols et la pollution favorisait les maladies, tout autant chez les civils que l'armée. Et cela sans parler de tout ce qui était causé par les blessures de la guerre concernant les soldats. Plus indirectement le poids de l'armée dans les finances locales se faisait au détriment d'une véritable politique civile nécessaire à la gestion d'une population si nombreuse. Si les villes n'étaient pas totalement abandonnées surtout dans les quartiers des aisés, bien peu souvent était entrepris une véritable politique d'assainissement de l'espace urbain, de gestion des jungles urbaines qu'étaient les bidonvilles et les quartiers pauvres. Pas non plus de politique sociale et d'aide pour tenter de régler les problèmes de pauvreté vis à vis de ceux désormais incapable de soutenir l'effort de guerre physiquement ou économiquement.

Ce constat de réussite militaire couplé à celui d'un échec social et sanitaire, c'était celui des Vrammouts. Maître des connaissances curatives, la medecine était ce qui avait propulsé la famille à son rang. Se rendant indispensable pour compenser les défaillances de l'Etat central autant dans les villes que dans l'armée en finançant des hôpitaux et en servant de support médical à qui en avait besoin.

C'était face à cette misère humaine que les médecins côtoyaient en permanence qu'était née la famille Vrammout. Et au fil des siècles ils en devinrent là. Si certains toujours aveuglément fidèle à l'Empire et à l'Empereur sincèrement ou tout simplement par opportunisme continuait de servir sans faillir la couronne notamment dans les domaines de la torture, une bien plus grande partie de la famille était elle plus dubitatif que les autres joyaux de la viabilité de la politique impériale.

L'effort de guerre ? Mais à quel prix ? Le but de l'Empire n'était il pas initialement de défendre la vie et la liberté des humains face aux revendications d'une race méprisante ? Qu'étions nous en train de faire si ce n'était sacrifier le bonheur et l'avenir de nombre des humains du nord dans une guerre étant de toute évidence vouée à être éternelle ?

Pessimiste. Dubitatif. Ces deux mots représentaient bien la conception des Vrammouts concernant la guerre et les actuelles décisions de l'Empire. Néanmoins tout cela s'arrêtait aujourd'hui là. Opposer au militarisme excessif certainement, mais pas au point de souhaiter la révolution et le désordre qui n'aurait pour conséquence que d'amplifier tous les problèmes à travers un effondrement de l'autorité. Ce refus du chaos était ce qui les empêchait de passer du côté des révolutionnaires avec qui de toute manière n'étaient pas nécessairement des pacifistes.

C'est dans ce contexte politique que naquit Déborah, première petite fille du chef de famille Altarn Vrammout, fille aînée de ce qui était son fils aîné et actuel successeur officiel du clan Garald Vrammout.

On ne pouvait dire que son enfance fut particulièrement malheureuse et difficile bien au contraire. Les Vrammouts même les plus adeptes de la torture n'étaient pas un clan qui se distinguait par la violence interne, les érudits même les plus fous réglaient rarement leurs différents par des duels sanglants. D'autant que la médecine étant une vocation, bien au contraire pour bien des Vrammouts, les relations étaient assez apaisés entre eux dès lors que la question du pouvoir et des postes à prendre n'était pas évoqué. La politique tout comme l'argent avait souvent tendance à durcir le cœur des gens les plus doux.

Choyée par son grand père, ce fut lui qui lui offrit pour son 10e anniversaire un almène malade de ce que l'on appelait entre médecins le fléau de jouvence qui condamnait à rester jusqu'à sa mort un enfant quiconque en était infecté. L'objectif de la part du vieux chef de famille était simple. Il savait ce qu'était l'éducation impériale, implacable, absolue. C'est pourquoi avant d'être embarqué par son service militaire ou par Pandora, il souhaitait à travers le lien avec un animal condamné pour sa vie entière à la maladie et la souffrance, l'importance de la vie et le désir de soigner autrui à sa descendance histoire qu'ils ne perdent pas de vue l'essentiel pour un médecin, soigner. Nul ne sait s'il était celui qui avait apposé ces maladies aux animaux, il n'avait jamais répondu à ce sujet.

Quoi qu'il en soit, c'est avec grand soin que Déborah passa le reste de son enfance et de sa vie tout simplement à prendre soin de cet animal qui ne pouvait vivre par lui même. Le Soigner faisait maintenant partie de sa vie et c'est tout naturellement qu'elle s'y était attaché.

Cette prise de conscience de la vie, de l'horreur de la souffrance fut importante dans la construction de la jeune fille surtout une fois à partir de son 12e anniversaire elle fut contrainte de partir à Pandora puis de faire son service militaire. Son esprit s'endurcissait, l'éducation impériale étant loin d'être efficace d'autant que Pandora était loin d'être un endroit qui encourageait à l'espoir, néanmoins elle faisait la part des choses. Si nombre de ses camarades se contentait d'exécuter tout simplement les ordres et d'être dans un pragmatisme absolu au nom de cet effort de guerre tant clamé. La jeune fille était plus réticente, plus retenue n'aimait pas agir pour rien vers des actes sanglants lorsqu'elle estimait que ce n'était pas nécessaire. Etudiante talentueuse en matière de malédiction et de maladie. Cela n'était pas sans créer quelques tensions avec ses autres camarades voir ses professeurs, néanmoins son niveau suffisait à ce que cela ne lui cause pas plus de problème que cela.

Lors de son service militaire, comme nombre de membres de sa famille avait elle, elle fut incorporé dans les services médicaux de l'armée impériale afin de supporter les troupes. Elle fit bien son travail, à la lettre méthodique comme à son habitude bien qu'elle semblait surtout vers la fin exprimer une forme de lassitude. On sentait bien que la médecine militaire ne semblait pas être totalement ce qu'elle appréciait le plus de faire.

Lors de son 22e anniversaire, l'heure du choix, son père voulu qu'elle intègre selon la tradition l'armée. Elle refusa et pendant quelques semaines les deux se brouillèrent et ne parlèrent plus jusqu'à ce que finalement par l'intermédiaire du chef de famille soucieux d'éviter que ses propres descendants ne se déchire décida de trouver un consensus. D'un côté plus que l'armée le chef de famille fit en sorte que Déborah puisse intégrer Pandora et devenir ce qu'elle préférait être, une chercheuse plus qu'une executeuse ou une technicienne magique. De l'autre pour contenter son fils, en tant qu'illustre elle serait dans l'obligation d'accepter des missions d'ordre militaire en soutien de l'armée et des différents besoins de l'Empire.

Durant les années suivantes, Déborah devint donc étudiante à Pandora afin de finir ses études dans le domaine du féticheur, chose qu'elle complétaient avec de la théorie générale occulte afin de renforcer un bagage théorique qui dépassait le cadre de sa propre magie.

Finissant ses études, elle devint logiquement après cela, professeure au sein de Pandora avant d'être rapidement réquisitionnée par l'Empire lors de la dernière grande guerre contre les elfes. Si la défaite fut assez difficile pour l'Empire, du côté de la Vrammout bien au contraire elle s'y était illustrée. Si lors de son service militaire elle s'était contenté d'être une simple guérisseuse, entre temps avec l'académie ses talents c'était diversifié. Maître des malédictions et des maladies qu'elle glissait dans les rangs elfiques ou tout simplement dans l'isthme avec d'autres afin d'éviter le plus possible une progression elfique, elle se distinguant également sur le plan de la logistique magique où son bagage général en fit une personne plus apte à commander des unités aux pouvoirs diversifiées de manière efficace. Le résultat pour elle fut de voir ses prérogatives de professeure élargie à d'autres domaines que celui de sa magie à travers les cours théoriques ou celui tout simplement d'innovation magique.

Aujourd'hui la Vrammout travaille ses pouvoirs et l'enseignement semble être sa vocation. Certains souhaitent soigner, d'autres apprendre à soigner à autrui. Ou à maudire.