Le visage d'Obryn est un exemple du cliché nobliau d'Arkheynos. Imberbe a la chevelure brune, sa mâchoire dessinée achève une frimousse aux traits durs revêtant parfois un sourire coquin. Sans être un modèle de beauté, le jeune homme possède le luxe d'avoir été nourris convenablement toute son existence, en plus de bénéficier d'enseignement physique le propulsant au-dessus du paysan moyen. Cependant, au milieu des jeunes gens de sa classe sociale, il passe inaperçu, n'incarnant qu'un énième héritier d'un grand nom.

Dépassant péniblement le mètre quatre-vingt-huit sur la pointe des pieds, il est comme dans bien des domaines, surclassant de la moyenne sans atteindre le haut du panier. Musclée sans déborder, une musculature commençant à se dessiner sans donner l'impression d'avoir été façonné par un sculpteur fantasmant sur sa création, le noble conserve une posture impeccable dictée par de nombreuses remontrances de sa mère durant son enfance, le plus souvent durant les repas ou le dernier de la fratrie avait pris la fâcheuse habitude de s'empiffrer.

Le seul point dénotant avec son physique est la vilaine balafre sur sa cuisse, remontant de son genou à sa hanche. Résultat d'une très vilaine chute à cheval, ce malheureux événement fut propice à l'énonciation d'une soit disant énième leçon de la vie barbante que son père mettait en exergue.

Bien que possédant un physique correct sans être faramineux, c'est bien sa détermination qui extrait le jeune homme de la masse. Élever à la dure depuis sa plus tendre enfance, Vendus a baigner dans les valeurs traditionnelles et patriotiques toute son existence. Les notions de respect, de dévotion et d'abnégation lui ont toutes été inculqués, parfois dans la douleur et toujours par l'exemple.

Refrénant l'impulsivité tenace plus que la bannissant, le jeune a sue au fil du temps appréhender et maîtriser sa faim liée a sa nature de vampire. Loin de la domestiquer, Obryn est néanmoins en capacité de ne pas y céder immédiatement. Cependant nul être ne peut éternellement s'y soustraire et le brun n'échappe pas à la règle.

" Ma vie pour Arkheynos" n'est pas une phrase prononcée à la légère dans la famille Vendus, d'autant plus quand ces mots quittent les lèvres du jeune homme aux pensées hérétique. Sa dévotion pour la nation est sans limite, chacune de ses décisions étant dictée par son envie de voir sa faction retrouvée sa place qui lui est due. N'agissant que dans l'unique but de voir rayonner Arkheynos, Obryn a développé avec le temps une aversion totale pour l'empereur qu'il compare à un boulet d'un prisonnier.

"Comment puis je croire en un dieu défait par un elfe ?"

Petit à petit, l'idée de chassé l'usurpateur de son trône pour le bien de sa patrie lui parut inévitable et nécessaire.

Cependant, Obryn est bien loin d'un homme froid et calculateur sans pitié. Le noble reste un jeune avec ses aspirations, ses ambitions et ses espoirs. Toujours aussi gourmand, il prend un malin plaisir à dépenser l'argent que lui attribue ses parents dans des mets délicieux venue d'un peu partout, plus ou moins clandestinement.

Souhaitant mettre sa pierre à l'édifice familiale, il s'orienta volontairement, entre deux envies de rébellion fomentées, a l'orfèvrerie. Passionnée par les travails rigoureux semblable à l'horlogerie, son goût pour la minutie propulsa l'enfant dans ce corps de métiers, sous l'aval de ses parents, bien évidemment.

Ce fut Bastian qui hissa la famille Vendus dans les sphères noble d’Arkheynos il y a plus d’un siècle. S’étant particulièrement illustré au cours de la bataille renommée plus tard « La nuit flamboyante », le dragonnier parvint à ôter la vie d’un des mortels ennemis de l’empereur, sacrifiant sa monture dans cet ultime assaut. Le blason de la famille Vendus rendra honneur à la créature en arborant son image sur un drapeau rouge rappelant le souffle du dragon.

La demeure familiale d’abord modeste fut construite sur des terres fertiles au sud de la capitale à proximité de Mortuary. Elle subira au fils des années des modifications architecturales au grès des rentrées d’argent et envie de grandeurs de ses occupants, perdant de vue les rêves prolétaires du fondateur. Elle subit des agrandissement et des rénovations aux rythmes des changements de propriétaire pour finalement incarner une bâtisse superbe en comparaison de l'habitation moyenne des citoyens du royaume.

Ce fut dans le domaine familial que le dernier d'une grande fratrie vit le jour. Obryn, en l'honneur d'un de ses ancêtres illustre. Débordant d'énergie, le bambin rampait dans toutes les salles de la maison dès lors qu'il échappait à la vigilance d'une des domestiques. Le fougueux gaillard grandit convenablement, bénéficiant d'une éducation à domicile d'une grande qualité. Le reste de ses frères et sœurs, même ceux proches en âge, ignorait royalement le marmot jugé capricieux par son père exigeant.

En grandissant, le jeune homme devenu adolescent compris que la lignée dissimulait un étrange secret, la plupart de ses questions étant constamment balayées durant les repas de famille. Pourquoi ses frères et sœurs plus âgés ne vieillissait pas ? Comment mère avait pu accoucher de deux enfants différents à trois mois d'intervalles ? Le patriarche se contentait de lui intimer le silence. Les ordres du père n'étaient en rien contestable sous son toit ou ailleurs. Un homme frustré de n'être qu'un médiocre descendant d'une lignée prestigieuse dévoré par la peur de la mort et les remords de n'avoir été personne.

Après son service militaire qu'il franchit avec succès, sans toutefois exceller ou briller, Obryn retrouva le domaine auréolé de fierté. Son séjour dans la caserne avait solidifié ses bases patriotiques déjà colossales. Désormais, seul l'avenir de la nation lui importait, plus encore que celui de sa lignée. Transformé en véritable fanatique d'Arkheynos par ses incrusteurs autant que le terreau familial, le noble se mit à rêver de grandeur avec pour ambition de redorer le blason de l'empereur.

Ce fut quelques semaines après son retour, en compagnie de sa sœur Néférata dont il s'était rapproché depuis quelques années que le rituel vampirique, transformé en institution familiale devant demeuré secrète, leurs fut imposé. L'humain vit une faim déchirante s'installer en son être qu'il passa sur les pauvres domestiques prévus à cet effet. L'épisode traumatisant laissa une marque à jamais inscrite dans l'esprit du noble, bouleversant quelque peu sa vision de bien des choses, les réponses à ses interrogations s'imposant au fur et à mesure dans son esprit juvénile.

Néférata ayant subi la même cérémonie fut celle qui planta dans l'esprit d'Obryn les graines de la révolte. Érudite, elle s'était plongée dans la lecture d'écrits jugés hérétiques. Entre les pages de ces bouquins étaient soit disant relatés les pensées du Chien. Bien que parfois contradictoire, la pensée d'honorer un dieu ayant connu la défaite au point d'être proche de la mort, le tout infligé par un elfe se mit à déranger le binôme. Bien qu''encore une flammèche dans la cheminée de la révolte, elle commençait à dévorer le bois, réchauffant le cœur du jeune homme.

Au fils du temps, à mesure qu'il découvrait d'étrange déroulé des événements totalement burlesque de l'empire, sa pensée complotiste gagna en consistance. Pourquoi l'empereur ne se montrait plus ? Comment expliquer les décisions contestables de ces dernières années ? Si c'est Dieu, pourquoi ne revient il pas voir ses croyants ? Arkheynos est elle gangrénée par cet imposteur mourant... Ou mort ? Et si le maréchal avait implanté sa volonté dans celle du faux Dieu ?

Son père grabataire n'incarnait plus un obstacle pour le fiston Vendus qui s'affranchissait de l'éternelle contrainte consistant à rendre des comptes à son paternel, Obryn jouissant désormais d'une liberté retrouvé cependant relative au vu de son statut social.

Debout, devant le miroir, Obryn se répétait chaque jour le même serment, la même promesse.

"Le faux dieu est mort, ce n'est qu'un imposteur. Arkheynos doit être libéré. Je rassemblerai les partisans, je trouverai les justes, et ensemble nous rendrons à la nation ce qui lui est due."